Les hommes qui n’aiment pas les hommes
Dans ce petit point de l’espace et du temps,
entre Neptune et le soleil,
entre Ramsès et Elton (John).
Il y a des hommes comme moi,
des hommes comme vous
et des hommes comme eux.
.
Moi, j’aime les hommes,
les petits et les grands,
les barbues, les sans poil.
J’aime aussi bien les gros que les fins.
J’aime leurs cheveux en bataille le matin,
leurs sourires forcés la journée,
et leurs désirs obscurs la nuit.
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Ensuite, il y a les hommes qui n’aiment pas les hommes.
Ceux qui les trouvent moches : quelle platitude !
Ceux qui s’en éloignent : il sent la sueur, lui !
Et ceux qui s’en débarrassent : nous sommes en guerre !
.
Ces hommes-là envoient leurs enfants à la guerre,
et les enfants du voisin au front.
Que mon père ne veuille jamais ce sort pour toi
Que le tiens ne veuille jamais ce sort pour moi.
Et que nos pères n’aiment jamais un drapeau, un bâtiment
ou toute autre insaisissable création de leurs esprits
au point d’y offrir leurs enfants en offrande.
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À quel point peut-on ne pas aimer les hommes
si on envoie des mômes au bûcher.
Vaut-il mieux les faire anéantir avant
de les laisser devenir?
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Et puis, à la fin, il y a les hommes
qui n’aiment pas les hommes
qui, eux, aiment les hommes.
Tu n’aimeras pas les hommes.
Tu n’aimeras pas les hommes qui aiment les hommes.
En mon nom tu sacrifieras les meilleurs de tes hommes.
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J’ai toujours dit que l’homme de ma vie n’existe pas.
C’est inexact.
L’homme de ma vie n’existe plus.
Il est mort quelque part en silence, seul,
une balle, un canon, une bombe.
Il est mort sans personne pour regarder
la vie abandonner ses yeux, sans moi.
Je suis veuf avant d’être époux
et lui soldat avant d’être homme,
avant d’être à moi.
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À quel point peut-on ne pas aimer les hommes,
si on les envoie mourir avant de les avoir laissé jouir.
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Et vous, à quel point aimez-vous les hommes ?
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